Journée Scientifique

Couplage et Artefacts Numériques

Programme

09h00 - 09h30 Accueil

09h30 - 10h00 Introduction de la journée

10h00 - 11h00 Bruno Bachimont (Télécharger la présentation)

  1. Quand le calcul s'incarne : l'interaction avec les artefacts numériques

  2. Le numérique s'aborde comme codage et comme calcul. Le codage permet, par une discrétisation, de s'émanciper des contraintes matérielles et ne considérer que le sens symbolique et opératoire du code obtenu, indépendamment de sa réalisation matérielle qui peut dès lors être quelconque. Le calcul définit alors le régime combinatoire auquel on peut soumettre le code. Code et calcul impliquent un rapport au temps particulier qui revient à pouvoir considérer à travers un état donné l'ensemble de déroulement calculatoire possible, figeant ainsi la temporalité dans un présent élargi et permanent. Donnant la possibilité de créer l'impression d'instantanéité, puisque le calcul peut s'effectuer à la vitesse de son support, le calcul suggère une convocation de l'absent (spatialement ou temporellement) dans la mesure où son déclenchement aboutit à la mise en présence instantanée d'un résultat qui n'était pas là. Cependant, un calcul ne peut s'effectuer que matérialisé sur un support, support matériel qui mobilise des interactions avec des utilisateurs. Cette matérialité incarne le calcul où il fait sens dans la mesure où il s'adresse aux sens. Or, de la même manière que l'écriture fixe la parole et l'incarne spatialement, en donnant à voir ce qui ne peut s'entendre, et instaurant un rapport qui excéde ce que la simple notion de transcription permet de supposer, le calcul fixe l'action et l'incarne temporellement, en donnant à effectuer ce qui ne peut s'appréhender globalement. Autrement dit, la matérialité du calcul crée une phénoménologie qui échappe à la technique du calcul comme code. Dans ce contexte, la raison computationnelle s'édifie dans la tension entre le code qui abstrait pour présentifier et le calcul incarné qui se concrétise pour donner lieu à une manipulation vécue et non exécutée. La raison computationnelle peut-elle se comprendre comme résultant d'un couplage avec l'artefact numérique ? Plutôt que de couplage, nous préférons parler de manipulation vécue permettant de bâtir un au delà du couplage, une constitution qui transcende l'immanence de la manipulation. La transcendance est donc aussi importante, sinon plus, que le couplage.

11h00 - 12h00 Philippe Gaussier (Télécharger la présentation)

  1. Modélisation du développement des couplages Homme/Homme et Homme/Robot

  2. La robotique, l'informatique et plus généralement les techniques de modélisation en sciences cognitives offrent de nombreux outils pour analyser les interactions et/ou concevoir de nouveaux systèmes d'interactions entre Homme et Machine. Après un bref résumé des résultats issus de la dynamique des systèmes, nous présenterons deux exemples montrant comment la prise en compte des dynamiques sensorimotrices peut simplifier la conception de systèmes de perception mais aussi d'interaction. Nous nous intéresserons d'abord au problème de la perception d'un lieu ou d'un objet pour ensuite montrer que des comportements d'imitation peuvent résulter d'un simple système sensorimoteur. Pour finir nous nous poserons la question de savoir si une nouvelle cybernétique peut émerger et prendre en compte la modélisation du développement des couplages Homme/Homme et Homme/Machine. Cette idée sera illustrée par des travaux préliminaires montrant qu'à partir d'une interaction émotionnelle de très bas niveau un robot pourrait apprendre des taches de plus en plus complexes lui permettant de se « constituer » au travers de l'interaction avec l'autre.

12h00 - 13h30 Pause déjeuner

13h30 - 14h30 Yves-Marie Visetti

  1. Diagrammes et couplages


14h30 - 15h30 John Stewart (Télécharger la présentation)

  1. Le rôle des inscriptions dans les cycles d'accumulation : l'apport des artefacts numériques

  2. Les "inscriptions" (typiquement mais non nécessairement produites par des instruments scientifiques) possèdent 3 propriétés essentielles. Elles sont mobiles (on peut les déplacer librement), copiables (donc on peut en faire des copies en nombre illimité), et articulables les unes avec les autres. Ces propriétés sont importantes précisément parce qu'elles permettent une circulation sociale (collective). Deux exemples, tirés des travaux de B. Latour, seront présentés : les cartes lors des grands voyages d'exploration, et la loi d'Ohm dans l'invention de l'ampoule électrique par T. Edison. Ces exemples seront utilisés pour montrer qu'il y a "couplage" à (au moins) deux niveaux: celui, "local", de la production de l'inscription; et celui, "social", de l'effet de la circulation des inscriptions. Finalement, sera abordée la question des artefacts numériques, qui s'inscrivent (de façon presque troublante) dans la dynamique sociale (et plus précisément capitaliste) impulsée par l'informatique.

15h30 - 16h00 Pause café

16h00 - 17h30 Synthèse et discussion

Bruno Bachimont

Bruno Bachimont est Docteur en informatique de l'université Paris 6, et Docteur en épistémologie de l'Ecole Polytechnique. Il est aujourd'hui Enseignant-Chercheur (HDR) et Directeur de la Recherche à l'UTC, membre du laboratoire Heuristique et Diagnostic des systèmes complexes (Heudiasyc), et également Directeur Scientifique à Institut National de l'audiovisuel.


Philippe Gaussier

Docteur en informatique de l'université Paris XI (Orsay) pour un travail sur la modélisation et la simulation d'un système visuel inspiré de celui des mammifères. Il est aujourd'hui Professeur des Universités, à l'Université de Cergy Pontoise, et à la tête de l'équipe Neurocybernétique du laboratoire des Equipes Traitement des Images et du Signal (ETIS).


John Stewart

Formé initialement à la physique et à la génétique, il s'intéresse depuis 1986 à l'épistémologie conjointe des sciences cognitives et de la biologie (en particulier à l'autopoïèse). John Stewart a été Chargé de Recherche au CNRS jusqu'en 2007 au sein du Laboratoire Costech à l'UTC. Depuis, il est consultant scientifique et poursuit son travail d'épistémologie et de modélisation au sein du groupe Cognitive Research and Enaction Design (CRED) à l'UTC.


Yves Marie Visetti

Yves Marie Visetti est Directeur de recherche au CNRS et membre du Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée (CREA). Après un parcours initial en mathématiques, ses recherches en épistémologie et en modélisation concernant l'articulation forme/sens convoquent à la fois les sciences du langage et les sciences cognitives.

Intervenants

Mardi 24 juin 2008

Maison de la Recherche
28 rue Serpente 75006 Paris

Salle de Conférence (au fond du hall)


Inscription gratuite mais nécessaire

à julien.laflaquiere(at)utt.fr